Revue des marchés du 2e trimestre 2021

COMMENTAIRE ÉCONOMIQUE

Portés par la perspective d'une reprise économique post-pandémique et d’une hausse des bénéfices des entreprises, les marchés boursiers mondiaux ont enregistré un autre trimestre solide. Ainsi, l'indice MSCI All Countries World[1], l'indice S&P 500 et l'indice composé S&P TSX ont augmenté de 7,09 %, 8,55 % et 8,54 %, respectivement.

D'un point de vue stylistique, nous notons que le leadership a pivoté de manière décisive en faveur des actions de croissance et de qualité pour la première fois depuis l'annonce du vaccin Pfizer en novembre. En fait, l'indice MSCI World Quality et l'indice MSCI World Growth ont respectivement progressé de 10,87 % et de 9,93 % tandis que l'indice MSCI World Value a progressé plus modestement de 4,71 %. Ce virage à 180 degrés a été provoqué par la conviction que la Réserve fédérale pourrait relever ses taux plus tôt que prévu puisque l'inflation continue de s'accélérer, remettant en question l'idée communément admise selon laquelle les pressions actuelles sont transitoires. En conséquence, les titres du secteur de l’énergie et financier, qui constituent une grande partie des indices de valeur, ont commencé à être à la traîne tandis que les métaux industriels et les matières premières agricoles, qui bénéficient généralement d'une inflation plus élevée, ont chuté précipitamment.

Par ailleurs, les marchés mondiaux des titres à revenu fixe, qui étaient en baisse significative au début de l'année, ont connu une modeste reprise au cours du deuxième trimestre. Par exemple, l'indice ICE Bank of America Merrill Lynch Global Government Bond a gagné 0,84 % tandis que l'indice ICE Bank of America Merrill Lynch Global Corporate & High Yield a gagné 2,42 %. Au Canada, l'indice ICE Bank of America Canada Broad Market a progressé de 1,80 %, récupérant un peu plus du tiers des pertes enregistrées au cours du premier trimestre. Il est intéressant de noter que l'indice ICE Bank of America des obligations gouvernementales à 1 à 3 ans a cédé -0,06 %, car les attentes de taux plus élevés ont eu un impact négatif sur les obligations à court terme. Certains commentateurs étaient perplexes de constater que des anticipations d'inflation plus élevées nuisaient aux obligations à court terme tandis que les obligations à long terme n'étaient pas affectées. Nous soupçonnons que l'aplatissement de la courbe des taux (rendements à court terme plus élevés, mais rendements à long terme plus faibles) est motivé par la crainte renouvelée que les banques centrales augmentent prématurément les taux d'intérêt et que cela réduise la croissance à plus long terme. Ainsi, nous ne pensons pas que la baisse des taux à long terme soit attribuable aux décisions de réaffectation des fonds de pension et des compagnies d'assurance, comme certains l'ont soutenu.

ANTICIPATIONS D’INFLATION À L’EXAMEN

L'indice canadien des prix à la consommation (« IPC ») a augmenté de 3,6 % en mai 2021[2] par rapport au même mois l'an dernier, tandis que l'IPC américain a augmenté de 5,0 %[3] au cours de la même période. Les deux chiffres ont affiché une tendance à la hausse et ont constamment dépassé les attentes, ce qui peut suggérer que la normalisation de la politique monétaire américaine pourrait finalement avoir lieu avant 2023, malgré la position officielle de la Réserve fédérale.

Au moment d'écrire ces lignes, nous ne partageons pas ces opinions pour les raisons suivantes :

• Premièrement, à l'exclusion des produits alimentaires et énergétiques dont le prix peut varier énormément sur de courtes périodes, les mesures de l'IPC sont inférieures de près de 1 %.

• Deuxièmement, une source importante d'inflation depuis le début de la pandémie provient de la hausse des prix des véhicules d'occasion en raison de l’inventaire réduit des concessionnaires, conséquence de la fermeture forcée des usines de fabrication de voitures. En effet, les fabricants de micro-processeurs ont dû se concentrer sur la production de puces pour ordinateurs personnels et périphériques afin de répondre à l’augmentation des demandes de mises à niveau des équipements informatiques utilisés en télétravail. Nous pensons que ce phénomène est en grande partie terminé.

• Troisièmement, les prix des vêtements, des chaussures et des meubles sont également en forte hausse. Cependant, selon le Congressional Budget Office[4] , ces augmentations de prix sont directement liées à la dernière ronde de tarifs douaniers érigée par Trump en août 2019 et qui visait principalement la Chine. Or, certains de ces tarifs pourraient même être annulés par l'administration Biden.

Dans cette optique, notre scénario de base demeure intact. En d’autres termes, nous ne pensons pas que dans un an, l'inflation dépassera sensiblement le niveau qui pourrait inciter la Réserve fédérale à agir. En fait, nous sommes convaincus qu'avant d'augmenter les taux, la Réserve fédérale est plus susceptible de commencer à réduire ses achats mensuels massifs de bons du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires. Ironiquement, cela exercerait probablement plus de pression sur les obligations à long terme que sur les obligations à court terme, ce qui pourrait entraîner une nouvelle pentification de la courbe des taux. Il convient également de noter qu'au cours du dernier cycle, la Réserve fédérale n'a commencé à augmenter ses taux qu'à la fin de 2015, près de 3 ans après que son président, Ben Bernanke, eut signalé qu'elle pourrait le faire. Pour résumer, nous estimons que les banquiers centraux sont parfaitement conscients des dangers associés à une action préventive pour freiner l’inflation si le chômage reste élevé et que les pressions déflationnistes à long terme – résultant des niveaux d'endettement élevés des consommateurs et des gouvernements et des tendances démographiques – demeurent.

SOLUTIONS D'INVESTISSEMENT POUR UN MONDE AU REVENU D'INVESTISSEMENT ANÉMIQUE

Bien que nous ne pensions pas que les taux d'intérêt vont inévitablement grimper, nous ne pensons pas non plus qu'ils puissent sensiblement baisser. Pourtant, aux niveaux actuels, les rendements attendus des titres à revenu fixe ne sont pas particulièrement alléchants et sont plus susceptibles de surprendre négativement que positivement. Or, cette situation crée des défis du point de vue de l'allocation d'actifs.

À cet égard, nous avons activement recherché des alternatives aux investissements à revenu fixe qui pourraient offrir une combinaison de rendements après impôt plus élevés et un risque moindre de rendement négatif important dans un environnement de hausse des taux. Au terme de notre analyse, nous pensons que l'introduction de fonds de couverture – hedge funds – hautement spécialisés, conçus pour fonctionner indépendamment de l'environnement de marché, peut être un complément approprié dans les portefeuilles de nos clients.

Nous préférons des gestionnaires mondiaux plus établis ayant des antécédents éprouvés et une capacité démontrée à mettre en œuvre une stratégie à grande échelle. Cependant, de tels gestionnaires ont rarement un véhicule d'investissement disponible en sol canadien et lorsque c’est le cas, les conditions commerciales sont trop onéreuses ou le niveau d'investissement minimum requis disqualifient la majorité des investisseurs.

Par conséquent, nous travaillons actuellement à la création de notre propre fonds pour permettre aux clients de Patrimonica d’accéder à ces stratégies. La date de lancement de ce véhicule d'investissement est prévue pour le dernier trimestre de 2021. Nous sommes confiants qu'il contribuera à répondre aux défis posés par les faibles rendements des titres à revenu fixe.

* Veuillez noter que l’information contenue dans les colonnes « Revenu annuel » et « Rendement % » dans la section Évaluation de portefeuille du présent rapport n’est pas disponible pour les titres non transigés à la bourse.

Ainsi, les données contenues dans ces colonnes sous-estiment le revenu annuel en dollars et en pourcentage lorsque des titres non transigés en bourse sont détenus.

Toutefois, l’information sur le revenu généré par portefeuille est disponible à la deuxième ligne du tableau dans la section Variation de la valeur marchande. Ces chiffres sont fournis pour le dernier trimestre de même que pour l’année en cours.

[1] Les rendements de l'indice font référence à la série de rendement total net en devise locale, sauf indication contraire.

[2] Source : Statistiques Canada

[3] Source : Bureau of Labor Statistics

[4] Rapport de janvier 2020.

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